L'intégration du numérique au répertoire des campagnes électorales s'est d'abord opérée aux États-Unis au sein du parti démocrate, avec le candidat Howard Dean, chef du parti entre 2005 et 2009 qui avait alors largement mobilisé les techniques numériques, notamment avec la création d'un blog au ton très personnel. Cette démarche, va culminer lors des élections de 2008 et 2012 avec les deux campagnes de Barack Obama, avec son nouveau modèle de communication politique personnalisée, devenu possible par les technologies numériques.
Celle-ci permet de profiter du « two-step flow of communication » en incitant les soutiens du candidat démocrate à influencer leur entourage à la fois géographique et sur les réseaux sociaux.
 

 

 

 

 

 

 

 

En 2008, la plate-forme communautaire mybarackobama.com est créée. On retrouve parmi les concepteurs, Chris Huges l'un des fondateurs de Facebook.  La plateforme regroupera 1,2 millions de volontaires pour tenter de convaincre les abstentionnistes proche des idées démocrates.
La campagne d'Obama a aussi largement recours aux publicités numériques. En concentrant celle-ci sur des sites plus consultés par des jeunes, des afro-américains et des latinos. Une publicité rendue plus efficace grâce à la géolocalisation permise par les adresses IP et au « big data ».

En France le numérique s’invite dans les campagnes municipales dès 2001. Martine Aubry candidate à Lille numérise son programme et son portrait, comme un duplicata du matériel de campagne hors ligne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il faudra attendre 2007, la campagne de Nicolas Sarkozy et son site « désir d’avenir » pour que le numérique commence à peser dans le répertoire des partis français. À la suite d'un rapport du think tank Terranova intitulé « Moderniser la vie politique : innovation américaine, leçons pour la France ». Le parti socialiste recourant en 2012 à l'agence américaine Blue State Digital, organise l'envoi des mails personnalisés, mobilise la data pour une vaste opération de porte-à-porte. Une campagne contrainte par la protection des données informatiques, c'est donc à l'échelle des communes et des bureaux de vote grâce aux données publiques disponibles que vont être déterminés les quartiers à fort potentiel électoral pour la campagne présidentielle de Hollande.

De son côté, l’UMP innove avec un bilan géolocalisé du président sortant. Chaque mail envoyé insiste sur les bénéfices dont a profité le département destinataire. La campagne d’Emmanuel Macron utilisera largement ces nouveaux outils, à travers des logiciels comme NationBuilder.com.
Et l'utilisation toujours renforcée de Facebook, Twitter, YouTube, Instagram, Snapchat. Cette communication numérique transversale d'une communication plus traditionnelle par les médias fait place désormais à un système médiatique hybride des acteurs politiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’épidémie de la Covid accélère cette numérisation de la communication politique. La campagne présidentielle de Joe Biden a incarné cette campagne hybride, qui a eu lieu presque entièrement en ligne, chez lui devant une caméra diffusant depuis son sous-sol, à la télévision, apparaissant sur les principaux réseaux câblés et les stations locales presque quotidiennement. Avec une diffusion quotidienne de podcasts, de directs sur les réseaux sociaux.

La politique comme divertissement

La plupart des électeurs consomment la politique comme un divertissement, la campagne Trump a lancé sur les réseaux sociaux tels que Facebook et YouTube une émission quotidienne de type talk-show avec un animateur et des invités.
Biden utilise Instagram pour des conversations en direct avec des influenceurs des médias sociaux, des célébrités et d'anciens candidats démocrates à la présidentielle tels que l'entrepreneur Andrew Yang. La campagne s'intéresse aussi aux plates-formes non traditionnelles, telles que des applications de streaming comme Hulu et Roku, sur des appareils de jeu tels que Xbox et sur la radio en streaming, notamment Pandora et Spotify.
 

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